Tous deux visent l'unité de l'Étre : le "ciel" et la "terre", l'intérieur et l'extérieur, le corps et l'âme,
La passion et la maîtrise de soi, le lâcher-prise et la volonté, l'intelligence et l'humilité,
La verticalité et l'ouverture, le masculin et le féminin,
Le donner et le recevoir, l'expir et l'inspir,
L'été et l'hiver, la lumière et les ténèbres, la mort et la résurrection...
Il se s'agit pas de choisir entre ces pôles opposés : ce serait tomber dans le dualisme, vivre manchot, cul-de-jatte ou borgne. Nous marchons sur deux jambes. La vie est tension, relation entre ces extrêmes.
Depuis le 13ème siècle, la société occidentale a développé la logique, la science, le mental.
Entraînée à sa suite, l'Eglise a formalisé la religion avec le catéchisme, les dogmes, la morale, une théologie rationnelle. Des concepts, des idées qui ne changent pas les coeurs : au lieu d'unifier, les efforts (pratique religieuse, générosité...) creusent l'écart entre l'intérieur et l'extérieur. Le témoignage des "bons chrétiens" se transforme en contre-témoignage.
A l'art roman a succédé le gothique, la renaissance, le baroque... le sens du symbolique s'est perdu.
La prière des 150 psaumes a été remplacée par le rosaire (150 "Je vous salue Marie") et le repas eucharistique de la Parole par l'adoration silencieuse. Dieu a été muselé.
Sous l'impulsion du concile (Dei Verbum) et de Benoît XVI (Verbum Domini), la pédagogie biblique des origines, celle de la tradition juive et des Pères de l'Eglise, est actuellement remise au premier plan. Il nous faut la réapprendre.
La pédagogie bouddhique est simple : se mettre en assise et persévérer.
Il peut y avoir un aspect rude, "marche ou crève", des moments difficiles... Le zazen est un chemin à parcourir avec d'autres. Voir un témoignage de Thierry-Marie Courau.
Pour l'Occident qui a développé des idéologies comme autant de tumeurs malignes, le nettoyage opéré par le zazen (le "vide") est un remède précieux. Voici ce qu'en dit Alexandre Jollien, infirme moteur cérébral, philosophe suisse (La Croix du 30 mars 2013) :
...Ce qui m'aide le plus, c'est la pratique du zazen et de la prière silencieuse. C'est pour moi une question de vie ou de mort. Cette ascèse joyeuse enracinée dans la quotidien me rend disponible à l'abandon. La pratique du zen, l'assise en silence où on laisse passer les actions, les sensations sans se fixer nulle part m'aide à descendre au fond de moi où se trouvent la joie et la paix, à habiter le silence et surtout à mieux écouter. Dans le silence, j'ai toujours un compagnon, discret mais puissant, le Christ, que la pratique du zen me permet de ne pas enfermer pour le découvrir à chaque instant, nouveau.
Maurice Zundel confia un jour que les prières vocales lui sont difficiles. - Alors, comment priez-vous ?, lui demanda-t-on. J'écoute jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de bruit.