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MàJ 18 janvier 2022

Côté pile : l'épargne
Les produits financiers sont rendus complexes pour cacher leurs défauts

Il y a 30 ans, comprendre les placements proposés par les banques était à la portée d'un ingénieur bac + 5. Ce temps est révolu.

Les frais et les risques sont masqués dans les plaquettes commerciales. Les clauses détaillées ne sont pas intelligibles.

Les produits sont composites (voir wikipédia : produit dérivé financier), ce qui a plusieurs avantages pour le banquier :

Le vendeur est celui qui est censé expliquer. Mais il est en général commissionné, son intérêt n'est pas celui du client (une banque a avoué cette pratique en vantant dans sa publicité ses conseillers "non commissionnés" !).
En écoutant un conseiller financier, il est impossible de penser à toutes les facettes d'un produit. On va découvrir trop tard qu'il y a plus de frais ou de risques qu'imaginé. Le conseiller aura alors changé de poste.

Chèques et virements internationaux,
Même en Europe, les frais au départ et à l'arrivée sont importants et imprévisibles.
Pour les petits montants, Paypal peut être une moins mauvaise solution.

Voir un exemple des pratiques d'AXA pour vendre des produits d'assurance vie. On comprend le désir de ces professionnels de torpiller le système de retraite par répartition pour passer peu à peu au système par capitalisation. Les citoyens vont payer au prix fort le manque de courage pour mettre les charges et impôts au niveau nécessaire.

Le système bancaire est plongé dans un monde de spéculateurs. Le client n'est qu'un pigeon novice à plumer.

Alors, que faire ?
Investir, c'est risqué, stressant. Or, les épargnants veulent être rassurés.
Un banquier ne peut réussir qu'en développant l'opacité par la complexité.
Une fois caché, il peut mentir, voire frauder. Bien malin qui le verra !

 

Côté face : les prêts

Cetelem, le crédit responsable, poursuit imperturbablement sa publicité irresponsable quand les associations caritatives se désespèrent du surendettement croissant.

Carrefour banque envoie des mails aux titulaires d'une carte pass disant Un crédit vous engage et doit être remboursé. Vérifiez vos capacités de remboursement avant de vous engager. EXEMPLE pour un montant de crédit de 10 000 € sur 24 mois au TAEG fixe de 0,75 %.... La réalité, difficile à trouver sur le site de Carrefour, c'est que les crédits à la consommation obtenus avec la carte pass sont facturés, début 2022, à un taux dépassant 20 %, et atteignant 31 % en ajoutant une assurance facultative. Il suffit de se tromper de touche en payant pour qu'un tel crédit soit mis en route sans aucune autre information.
Mon banquier est sympa,
Il me fait confiance sans que j'aie rien demandé, il m'autorise un découvert. C'est bien pratique !
Avez-vous réalisé qu'il fait payer les découverts à un taux énorme ?
Cela m'est arrivé fin 2021. J'ai téléphoné pour comprendre pourquoi on me débitait 15 € par mois. Le niveau national m'a dit qu'il m'était possible de rembourser le solde de mon achat de manière anticipée, mais pas par internet. Il me fallait envoyer ou déposer un chèque.
J'ai manifesté mon indignation en notant Carrefour "0" dans un sondage. Le magasin m'a aussitôt rappelé. Je paierai le solde par internet (selon une procédure non publique), et les intérêts (quelques euros) me seront remboursés.
C'est une organisation habituelle des grands groupes. Les dispositifs nationaux visent à tirer le maximum des clients, et les employés sont là pour traiter dans un esprit commercial les (rares) réclamations.


Côté caché

Des prêts toxiques ont surendetté des milliers de communes, incapables de comprendre qu'on leur proposait des produits de type "pile la banque gagne, face la commune perd" !

Début 2008, la Société Générale a perdu 5 milliards : les opérations spéculatives d'un de ses traders, Jérôme Kerviel, ont mal tourné. Ce dernier décrit l'ambiance de casino dans laquelle il travaillait, dans un livre qui est un vrai thriller : L'engrenage : mémoires d'un trader (Flammarion, disponible au format ePub).
Dans la même ligne, voir le documentaire Master of the Universe (2012). Rainer Voss, un ancien banquier allemand d'une cinquantaine d'années, livre son expérience. La complexité est telle que les banques elles-mêmes sont incapables d'analyser les risques, notamment juridiques.

11 décembre 2012. HSBC va payer au trésor américain une amende de 1,92 milliards de dollars, pour clore des enquêtes pour blanchiment d'argent (voir Le Monde).

19 décembre 2012. La banque suisse UBS va payer une amende de 1,1 milliard d'euros pour avoir manipulé le taux interbancaire Libor, trois fois plus que la britannique Barclays. Près de 20 autres établissements sont dans le collimateur des autorités (voir L'Expansion). L'enquête se poursuit, le CA est particulièrement visé en mai 2014.

Juin 2013. C'est au tour de BNP Paribas d'avoir une amende de 9 milliards de dollars pour transactions avec des pays sous embargo.

En France, on endort l'opinion avec l'exil fiscal d'Obélix, tandis que les lobbies bancaires ont vidé de tout contenu la loi votée le 18 juillet 2013 séparant soi-disant banques d'investissements et banques de dépôts. Le dernier article de Gaël Giraud sur le sujet (La Croix du 31 juillet 2013) est cinglant : ...allégations mensongères de la députée rapporteur du projet de loi... le dernier verrou qui protégeait (un peu) les dépôts des Français a sauté... la France est le seul pays au monde à posséder quatre mégabanques mixtes à risque systémique (BNP Paribas, SG, CA, BPCE)... elles font partie des huit banques européennes les plus exposées à la faillite... bonus indécents que se versent leurs dirigeants et leurs opérateurs financiers... illustration d'une démocratie sous contrôle… bancaire... Pierre Moscovici fait déjà marche arrière sur le projet de taxe sur les transactions financières...