Bible / Le jugement dernier (Mt 25,31-46) / Le Fils de l'homme vient (Mt 25,31)
août 2011

31 Quand vient le Fils de l'homme, dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il s'assoira sur son trône de gloire.

(traduction littérale)

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Le texte grec est grammaticalement incohérent. Il mélange l'aoriste grec traduit ici par un présent (vient) et le futur (s'assoira).
La plupart des traductions corrigent et mettent deux futurs. Car bien sûr, dans nos têtes, le texte parle du "jugement dernier". Un évènement que les premiers chrétiens croyaient proches, mais qui n'en finit pas de ne pas venir. Nous en sommes venus à le penser très lointain.
Nos bibles ont inventé ce titre, "jugement dernier", alors qu'aucun de ces deux mots ne figure dans la parabole.
Le texte ainsi mal traduit nous concerne peu : des idées sur ce qui risque de nous arriver un jour...

Le mélange aoriste / futur du texte grec pourrait exprimer l'inaccompli de la langue hébraïque (qui ne connait pas nos temps). Le Fils de l'homme est en train de venir, c'est en route, ce n'est pas achevé.

Le texte nous parle de ce qui est en train d'advenir, ici et maintenant.

Il m'a fallu du temps, beaucoup de temps, pour intégrer intérieurement, existentiellement, cette remarque grammaticale.
Le chemin me semble comparable à l'intégration d'un koan zen.
Intégrer, ce n'est pas comprendre mentalement. C'est que la justesse de cette parole devienne une évidence, un réflexe.

L'assise en zazen fait entrer dans l'éternité de l'instant.
C'est un travail de séparation.
Les pensées relatives au passé ou au futur sont collantes. Dans le silence de l'assise, leur caractère envahissant se manifeste davantage. Je ne me savais pas aussi esclave, prisonnier de ces pensées qui tournent comme des folles dans ma tête.
Au fil des inspirs et des expirs, elles se décollent (un peu) du mental, j'en suis (un peu) libéré.
L'image de la séparation des brebis et des boucs rejoint cette expérience.

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