Consommation / Ecologie / Sécurité nucléaire
MàJ 6 décembre 2017

Les différentes facettes de la sécurité nucléaire

Accidents

Voir wiki : liste d'accidents nucléaires.
Fukushima a illustré une prise en compte insuffisante d'évènements naturels rares : tsunami, séisme... Mais c'est une faute politique plus que technique : on pressentait que les 4 premiers réacteurs du site avaient été construits trop bas : les deux suivants ont été mis plus haut. Le risque d'un tsunami a été confirmé par des spécialistes bien avant l'accident.

Risque terroriste

Le documentaire Sécurité nucléaire, le grand mensonge, réalisé avec GreenPeace et diffusé sur Arte le 5 décembre 2017, fait froid dans le dos. Quelques kamikazes déterminés peuvent provoquer des dégats rendant des zones importantes inhabitables pendant des dizaines d'années et obligeant à évacuer des millions de personnes.
Il suffit de mélanger des explosifs classiques et des déchets nucléaires ou des sources radio-actives largement utilisées (hopitaux...) pour faire une "bombe sale" disséminant des matières radio-actives. Les stocks sont suivis, mais les disparitions inexpliquées (vols ?) sont nombreuses.
Une piscine de refroidissement frappée d'une roquette pourrait perdre son eau. Le combustible en fin de vie prendrait feu et émettrait pendant des mois des poussières contaminées.

Nucléaire militaire

Si l'on en parle si peu au niveau politique, c'est sans doute que la place de la France dans le monde (elle est membre permanent du conseil de sécurité des Nations Unies...) est liée à sa force nucléaire. Triste conception de la grandeur.

L'opinion publique devrait demander la suppression du nucléaire militaire, avant celle du nucléaire civil. La France devrait montrer l'exemple, unilatéralement. On pourrait se débarrasser du combustible militaire en l'utilisant pour produire de l'électricité.

Compétence, transparence

Une centrale nucléaire demande une compétence technique et une organisation de haut niveau tout au long de sa vie. Les faiblesses de sécurité doivent être diagnostiquées et prises en charge, y compris quand les mesures sont difficiles à décider (arrêt d'une installation posant problème, recours à des experts étrangers, coût...).
La Russie de 1986 était incapable d'assurer la sécurité de ses centrales. Le manque de transparence s'est poursuivi après l'accident de Tchernobyl, avec le chiffre officiel de 56 morts (voir wiki : Tchernobyl). Encore aujourd'hui, l'écart entre les estimations (quelques milliers de décès pour l'AIEA, jusqu'à 985000 pour Greenpeace) montre que la guerre idéologique basée sur la désinformation continue. Poutine, nationaliste, se passe maintenant de l'aide et des experts américains.
La sécurité nucléaire ne peut pas être bâtie sur le mensonge.

Déchets nucléaires

Voir wiki : Déchets radioactifs et Stockage en couche géologique profonde.
Une fois les déchets traités, un résidu émettant des radiations doit être stocké des milliers d'années. Pour que ce stockage soit sûr, il faut imaginer les aléas naturels et humains susceptibles de se produire. Sur une aussi longue période, on peut se tromper...
La filière nucléaire a été lancée avec l'idée que les progrès scientifiques à venir permettraient de trouver de bonnes solutions. On cherche toujours. En attendant, la France envoie des déchets en Sibérie, l'Angleterre en a beaucoup jeté en mer...

Démantèlement des centrales en fin de vie

Il est difficile, long et cher (voir wiki : Démantèlement nucléaire).
Exemple : cohérent avec leur idéologie libérale privilégiant le profit privé, les anglais n'ont pas gardé leurs compétences après avoir construit leurs centrales. Elles sont maintenant obsolètes. Ils les ont vendu (au prix fort) à EDF qui va devoir les assumer. Il est très inquiétant de voir un tel sujet, où les enjeux de sécurité sont majeurs, traité par des financiers ne tenant pas assez compte des mises en garde des techniciens.

Le risque financier

L'EDF était censé faire des provisions pour traiter les déchets, démanteler les centrales en fin de vie... Mais l'entreprise a des dizaines de milliards de dettes et ne survit que grâce à l'État. Areva est dans la même situation. L'équivalent américain, le géant Westinghouse, a fait faillite en mars 2017. Une grande partie des centrales nucléaires des États-Unis, privées, sont déficitaires avec le prix actuel de l'énergie.
Les centrales à l'arrêt seront-elles laissées à l'abandon, comme sont laissés à l'abandon en URSS d'énormes stocks de munitions classiques qu'on ne peut plus approcher sans risque d'explosion, ainsi que des armements nucléaires ?

Conclusion

Arrêter le nucléaire, cela veut dire :

Ce résumé montre la démagogie des discours politiques qui laissent espérer une solution facile.
Le sujet est suffisamment grave pour que la dure réalité soit regardée en face, dans toutes ses dimensions.
Pour aller plus loin, voir le site de Jean-Marc Jancovici