Réduire l'écart entre riches et pauvres ? On ne veut pas en parler !
L'écart entre riches et pauvres va croissant. Toutes les analyses montrent à quel point les très riches, depuis quelques dizaines d'années, ont été gagnants. Sous les gouvernements de droite comme de gauche.
En 2012, les 500 plus fortunés de France se sont enrichis de 25 %. Ils disposent de 330 milliards d'euros, 4 fois plus qu'il y a 10 ans.
En 2013 au niveau mondial, la fortune des 300 personnes les plus riches a agmenté de 524 milliards $, pour atteindre 3700 milliards $. La moitié de la richesse mondiale est aux mains de 1% de la population. Cela empire en 2017 (voir Challenge).
Les pauvres en pâtissent bien sûr, mais aussi les riches qui vivent dans la peur des tensions sociales croissantes.
Est-ce voulu ? Ni les partis politiques, ni les syndicats n'affichent une politique claire et des objectifs chiffrés sur le sujet.
Par démagogie, chacun promet l'enrichissement à tous.
Alors bien sûr, quand il faut rogner sur les avantages acquis de certains, les groupes visés ne sont pas d'accord, ils manifestent, font grève...
On ne peut pas aller vers une société plus égalitaire sans un certain consensus social. Ce point devrait être un des sujets majeurs des programmes électoraux.
La répartition des richesses se décide dans l'ombre. Les rémunérations discrètes et avantageuses au plan charges et impôts, telles les stock-options, se multiplient. C'est la loi du plus fort.
Si l'on veut une meilleure répartition du patrimoine, le meilleur moment pour le faire n'est-il pas au moment de sa transmission aux héritiers ? Des droits de succession de 45% au-delà de 1,8 millions d'euros sont très insuffisants. Ce que fait Bill Gates est prophétique, il distribue sa fortune, il n'en laisserait à ses enfants que moins de 5
Il y a un SMIC. Pourquoi n'y aurait-il pas un SMID, un Salaire Maximum Interprofessionnel de Décroissance ? Un niveau d'indécence reconnue. C'est d'autant plus nécessaire qu'avec la mondialisation, des fortunes colossales peuvent se faire très vite (Microsoft, Apple, Google, Facebook...).
Le coefficient de Gini Ce coefficient est couramment utilisé pour estimer les inégalités.
Outre ses limites intrinsèques (un seul chiffre ne dit pas tout),
il est souvent calculé approximativement à partir des seuls "déciles".
Il ne dépend guère de la richesse (exorbitante) des 1% les plus riches.
C'est à partir de cet indicateur que le PLF 2013, pages 31-33, estime que le système socio-fiscal français assure en 2011 une redistribution importante...
J'entends déjà hurler de toutes parts :
Un impôt sur peu de riches rapporte moins qu'un impôt sur de nombreux pauvres.
Ce genre de mesures est techniquement impossible, les capitaux vont fuir à l'étranger...
C'est injuste que l’État prenne de l'argent justement gagné, c'est du vol... ...
Réduire les inégalités pénaliserait la croissance.
1. C'est de plus en plus faux, la richesse nationale ou mondiale est aux mains de peu de personnes.
Décidée par N Sarkozy, la nouvelle surtaxe de 3 ou 4% sur les 30 000 foyers ayant un revenu de plus de 250 000 € a rapporté 630 millions d'euros en 2012. Le plus gros des recettes vient des 3000 foyers dépassant 1,7 millions d'euros de revenu.
2. Il y a d'une part l'objectif politique d'une société plus égalitaire, et d'autres parts les moyens. Si les moyens sont imparfaits, c'est à l'administration de les améliorer si c'est possible, mais l'objectif politique demeure.
Quelle est l'utilité sociale de quelqu'un qui, en gagnant beaucoup d'argent, augmente les inégalités ? S'il part à l'étranger, ce ne sera pas une perte !
3. L'argent gagné légalement peut l'être injustement.
Un trader malin ou chanceux qui gagne l'argent... qu'un autre perd, c'est juste ?
Profiter d'une situation favorable pour facturer cher ses prestations, c'est juste ?
Gagner de l'argent en acculant des concurrents à la faillite, c'est juste ?
4. Une étude du FMI (2014) montre que l'égalité permet une croissance plus élevée et plus durable. C'est dire à quel point les théories économiques classiques, qui disent en général le contraire, sont au service d'une idéologie libérale justifiant a priori les inégalités et la richesse des riches.