On sait aujourd'hui que le diable n'existe pas plus que les fantômes.
Les messes noires et les exorcismes sont considérés comme une superstition d'un autre âge, ou un objet de curiosité.
Si certains qualifient de satanique le "camp du mal", celui qu'incarnent les Hitler et autres Ben Laden, c'est une question de vocabulaire.
Satan a de nombreux noms dans la Bible : diable, démon, serpent, dragon, bête, prince des ténèbres, Béelzéboul, adversaire, menteur, père du mensonge...
Il a aussi un nom très actuel : Argent (Mammon). Nul ne peut servir deux maîtres : ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l'Argent (Mt 6,24).
Il se cachait donc sous diverses identités.
Serait-il encore caché aujourd'hui ? Et où ?
Il suffit pour s'en convaincre de relire les tentations au désert (Mt 4,1-11). Ce que propose le diable à Jésus nous parait tout à fait intéressant pour améliorer le monde.
Selon le livre de la Genèse, Satan était le plus rusé de tous les animaux des champs (Gn 3,1).
Notre intelligence terrestre n'est donc pas à sa hauteur, nous sommes moins malins que lui.
Si nous pensons pouvoir le démasquer, le maîtriser par nos propres forces, c'est qu'il nous a embobinés.
Ainsi les pharisiens et les sadducéens, la classe dirigeant juive, les plus attentifs à respecter parfaitement la loi.
Ils vont vers Jean-Baptiste pour se faire baptiser.
Et voilà qu'au lieu de les féliciter, ou au moins les encourager, Jean les traite d'emblée d'engeances de vipères (Mt 3,7) !!!
C'est à dire de fils du serpent. De suppôts de Satan.
Si les meilleurs d'entre nous sont possédés, s'ils deviennent des gourous abusant de leur pouvoir pour abuser sexuellement, qu'en est-il des autres ?
L'exercice est redoutable pour la publicité et le discours politique.
Or, ce sont ces paroles vides ou mensongères, ces platitudes démagogiques qui nous mènent.
Faire confiance aux discours politiques pour résoudre les problèmes de notre société, c'est faire confiance à Satan, c'est le désastre assuré.
Si nos meilleurs discours, les mieux préparés, sont sataniques, qu'en est-il de nos autres paroles ?
Qu'est-ce que la vérité ? (Jn 18,38) demande Pilate à Jésus. Il pose la question parce qu'il n'a que l'expérience de nos paroles humaines, faussées, malades, quand elles ne sont pas consciemment hypocrites.
Ne pas savoir est une faiblesse impardonnable. Vous avez déjà entendu un politique dire "je ne sais pas" ? Ou une publicité dire en même temps les avantages et les limites d'un produit ?
Le bouddhisme propose un chemin pour sortir du manichéisme mutilant de la mentalité dualiste. Notre civilisation chrétienne, coupée de sa vraie tradition, a beaucoup à gagner en s'y intéressant. Voir un article d'Éric Vinson sur l'unité corps - âme - esprit.
Qu'est-ce qu'éduquer à la foi chrétienne alors ?
Jésus nous donne une piste. Il ne dit pas "Je suis Dieu". Il pose la question : Et vous, qui dites-vous que je suis ? (Mat 16,15)
Déjà le Dieu du premier testament avait donné la manne au peuple qui avait faim (Ex 16).
Le mot "manne" veut dire "qu'est-ce que c'est ?".
Dieu donne des questions à ramasser chaque jour, et non pas des réponses...
Faute de réponse qui nous satisfasse de ce côté, nous cherchons ailleurs : un chef ou la science.
Le Président a promis, avant son élection, qu'il n'y aurait plus de chômage, plus de délinquance, plus d'accidents, plus de déficit, que les handicapés circuleraient comme les autres, que nous serions tous plus riches... tout cela grâce à la croissance.
Le Président a promis d'être un sauveur, nous l'avons élu pour qu'il nous sauve.
Et il s'efforce de le faire : un fait divers tragique dans un collège de province, et il se déplace.
Nous rêvons d'un chef idéal, d'un nouveau De Gaulle. Mais quand nous votons, aucun candidat ne correspond à cet idéal. Nous avons même l'impression de devoir choisir entre la peste et le choléra
Il est arrivé que des hommes d'Eglise prenne le pouvoir, ou s'y associent. Ils pensaient que le monde irait mieux en mettant en pratique des "idées chrétiennes". Le résultat a été effroyable.
Quand un maître spirituel se croit fort, il devient le gourou d'une secte.
Satan a envahi la science, la politique et même l'image que nous nous faisons de Dieu.