C'est une phase factuelle. Pour recevoir la Parole telle qu'elle est pour moi aujourd'hui, dans ses aspects qui me plaisent et dans ceux qui me dérangent, il importe de ne pas interpréter trop vite – et même, de lâcher ce que je crois savoir. Sinon, je risquerais de tourner en rond dans mes idées ou dans des interprétations précédentes ou savantes.
Des correspondances entre la Bible et les symboles liturgiques permettent de rentrer dans le sens profond des sacrements.
Des correspondances entre la Bible et ma vie font rentrer dans le sens existentiel.
Je reste dans le texte (et pas dans mes idées), ouvert, vigilant : l'esprit survient là où je ne l'attends pas. Cela peut durer quelques minutes, quelques jours, ou plus...
Ceux qui ont une certaine expérience pourront comparer avec d'autres démarches, très différentes même si elles semblent avoir des points communs.
Le site http://lectiodivina.catholique.fr/ ne met pas l'accent sur les aspérités du texte (ce qui m'étonne) et sur les correspondances, mais dès le début sur l'ambiance de silence / prière. La lectio divina en groupe, appelée aussi groupe de prière, commence dans un lieu de type chapelle. Elle est en fait personnelle (en silence), et suivie d'un court partage qui n'est pas un débat, ni une recherche collective. Il s'y ajoute un "enseignement" préparé et des questions / réponses animées par une personne "compétente".
Le site jésuite Notre Dame du Web propose un feuillet "Vers Dimanche" invitant à une méditation quotidienne personnelle de type ignatien sur les textes du dimanche suivant. Pour Ignace la composition du lieu consiste, à propos de la lecture d'une page d'Écriture, à prendre le temps d'imaginer, de composer mentalement de façon imaginale les éléments du lieu, de la scénographie, pour y faire place à la gestuelle... En effet, pour notre époque, les mots sont des concepts, du moins des signes de concepts, ce qui laisse place à la nécessité d'imaginer, alors que dans une pensée symbolique il n'y a pas cette dissociation. On peut dire qu'entre la composition du lieu au sens ignacien et la mise en espace symbolique, il y a à peu près la différence qui existe entre une toile de Véronèse et une icône. Chez Véronèse, les détails illustrent l'essentiel. Les détails spatio-temporels d'une icône sont l'essence. La Bible est une icône.
Les articles de wikipédia sur les quatre sens de l'Écriture et la lectio divina montrent à la fois une diversité de sensibilités et de vocabulaires, et un accord de fond sur l'essentiel.