Pourquoi et d'où les jeunes filles sortent-elles ? Serait-ce une "Sortie d'Égypte", un passage de la mer rouge, un baptême ?
Pour faire une assemblée de prière juive (synagogue), il fallait au moins dix hommes. Les dix jeunes filles représenteraient l'Église répondant à l'invitation de l'Époux de faire Alliance.
Les lampes pourraient évoquer les cierges reçus au baptême pour éclairer la route.
Mais attention ! Ces porteuses de lumière pourraient aussi nous faire penser à un autre "porteur de lumière" selon l'étymologie latine, Luci-fer, l'un des noms latin de Venus, l'étoile du matin.
Et encore, nous pouvons nous souvenir de la mise en garde de Matthieu : La lampe du corps, c’est l’œil. Donc, si ton œil est limpide, ton corps tout entier sera dans la lumière ; mais si ton œil est mauvais, ton corps tout entier sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, comme elles seront grandes, les ténèbres ! (Mt 6,22-23).
Remarquons simplement que le mot grec "lampe" n'est pas le même ici et au chapitre 6, et que le mot lumière n'est pas utilisé dans la parabole. Les lampes des jeunes filles éclairent-elles ?
"Parthénos" peut aussi bien se traduire par "jeune fille" que par "vierge". Le baptême, plongée dans la mort et la résurrection du Christ, nous "virginise" : il nous libère de l'emprise de Satan, qui veut prendre la place du mari légitime.
Elles prennent de l'huile dans des fioles. Une huile miraculeuse, comme le génie d'Aladdin ?
Plus sérieusement (ou plutôt plus bibliquement), dans l'épisode de la manne - une nourriture venue du ciel évoquant la Parole -, Dieu demande aux hébreux de ne pas faire de réserves : Chacun avait recueilli autant qu'il pouvait en manger. Moïse leur dit : « Que personne n'en garde jusqu'au matin ! » Certains n'écoutèrent pas Moïse et en gardèrent jusqu'au matin; mais cela fut infesté de vers et devint puant. Ils ne recueillent le double de pain que le sixième jour, car le septième jour, c'est le sabbat : il n'y en aura pas (Ex 16,18-26).
Ce sont les folles qui respectent cette consigne !
Elles s'assoupirent toutes et s'endormirent. Les prévoyantes ne respectent pas plus que les folles la consigne finale : Veillez donc...
Elles refusent catégoriquement (triple négation au verset 9) de partager leur huile. Non seulement ce n'est pas un exemple de charité, mais cela dénote un manque de confiance dans l'époux : "si nous manquions d'huile, nous paraîtrions moches, ternes, il nous rejetterait. Nous devons nous faire belles !".
Elles ont un certificat de bonne conduite, les autres n'y ont pas pensé...
Elles conseillent d'aller en acheter (le verbe du verset 9 est répété au verset 10) chez les marchands. C'est sans doute là qu'elles ont elles-mêmes acheté leur huile, qui commence à sentir sérieusement le soufre !
Mais au fond, lors de la multiplication des pains, les apôtres non plus ne savaient rien conseiller d'autre : envoie donc les foules afin qu'elles aillent dans les villages s'acheter de la nourriture (Mt 14,15).
Et ce sont elles qui seraient entrées dans les noces ? Pas si sûr...
Matthieu ne dit pas "les prévoyantes" mais "celles qui étaient prêtes" entrèrent...
Il ne dit pas "les folles" mais "les autres" jeunes filles...
Certes, ce qui précède nous donne à penser que les folles s'étant éloignées, elles ne pouvaient pas entrer. Mais pourquoi Matthieu n'a-t-il pas été complétement clair ? Pour nous faire réfléchir ?
Il ne précise pas non plus combien sont entrées ?
C'est le mot qui qualifie le serpent de la Genèse (Gn 3,1). L'ancien testament nous met en garde, ce n'est pas la sagesse de Dieu (sophia) :
Maintenant, que Pharaon discerne un homme intelligent et sage (phronimos) et qu'il l'établisse sur le pays d'Égypte (Gn 41,33).
Ne sois pas sage (phronimos) à tes propres yeux, crains plutôt le SEIGNEUR et détourne-toi du mal (Pr 3,7).
Je renverse les sages en arrière et leur science, je la fais délirer (Is 44,25, seule occurrence du mot phronimos chez Isaïe).
St Paul fait la même mise en garde :
Le langage de la croix est folie pour ceux qui vont vers leur perte, mais pour ceux qui vont vers leur salut, pour nous, il est puissance de Dieu. L'Écriture dit en effet : La sagesse des sages, je la mènerai à sa perte, et je rejetterai l'intelligence des intelligents. Que reste-t-il donc des sages ? Que reste-t-il des scribes ou des raisonneurs d'ici-bas ? La sagesse du monde, Dieu ne l'a-t-il pas rendue folle ? Puisque le monde, avec toute sa sagesse, n'a pas su reconnaître Dieu à travers les œuvres de la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par cette folie qu'est la proclamation de l'Évangile. Alors que les Juifs réclament les signes du Messie, et que le monde grec recherche une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les peuples païens. Mais pour ceux que Dieu appelle, qu'ils soient Juifs ou Grecs, ce Messie est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car la folie de Dieu est plus sage que l'homme, et la faiblesse de Dieu est plus forte que l'homme. Frères, vous qui avez été appelés par Dieu, regardez bien : parmi vous, il n'y a pas beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni de gens puissants ou de haute naissance. Au contraire, ce qu'il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion les sages ; ce qu'il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion ce qui est fort ; ce qui est d'origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n'est rien, voilà ce que Dieu a choisi pour détruire ce qui est quelque chose, afin que personne ne puisse s'enorgueillir devant Dieu (1 Co 1 18-27).
La sagesse de ce monde est folie devant Dieu (1 Co 3,19). Non seulement nos repères sont mis sens dessus dessous, mais l'homme qui n'a que ses forces d'homme ne peut pas saisir ce qui vient de l'Esprit de Dieu ; pour lui ce n'est que folie, et il ne peut pas comprendre, car c'est par l'Esprit qu'on en juge (1 Co 2,14) !
Notre désir même de savoir distinguer la folie de la sagesse, le bien du mal est remis en cause. Nous ne savons ni le jour, ni l'heure.
Peut-être le huitième jour, celui de la transfiguration (Lc 9,28) et de Thomas (Jn 20,26) ? Peut-être la neuvième heure, les ténèbres ayant envahi toute la terre, quand un grand cri retentit (Mt 27,45-50) ?
Thomas lui dit : "Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment saurions-nous le chemin ?"
Jésus lui dit : "Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie" (Jn 14,5-6)
Celui qui connait le chemin nous demande de veiller (v13). Comme les apôtres, nous ne savons pas veiller une heure avec lui (Mt 26,40).
Personne n'est prêt (v10) pour entrer dans les noces. Jésus est seul dans le tombeau quand on en ferme la porte (Mt 27,60).
Est-ce sans espoir ? Au verset 7, il est dit que les jeunes filles se réveillèrent. Un verbe qui annonce la résurrection.
Bras dessus, bras dessous, nous nous promenons dans le jardin - celui où le Seigneur Dieu se promène aussi, au souffle du jour (Gn 3,8).
Les cinq livres de la Torah, les dix paroles des deux tables de la loi nous guident. Nous les scrutons à la lumière de nos lampes, alimentées par un mélange d'huile des marchands et d'huile venue d'ailleurs.
Ce n'est pas facile entre nous, nous sommes tellement différents ! Elle est souvent loin derrière, elle se laisse influencer par n'importe qui. Je m'impatiente, je l'accuse comme Adam accuse Ève (Gn 3,12). C'est l'enfer !
Mais parfois, nous veillons l'un à l'autre. Je suis avec elle, et elle est avec moi. Le ciel et la terre s'unissent, c'est la joie des noces !
י ה ו ה | 10 5 6 5 |
Le Vav est en hébreu la conjonction et. Il unit ici deux He qui sont comme la main droite et la main gauche (5 doigts chacune). Ou encore, il est comme une colonne vertébrale qui unit le côté droit et le côté gauche, le masculin et le féminin.
YHVH est l'humain unifié, accompli, divinisé. Il est Jésus-Christ, manifestation de Dieu. Il est JE SUIS que nous sommes tous appelés à devenir, nous les humains du 6ème jour.
Mais survient le malin (diabolos, celui qui divise). Se croyant sages, cinq jeunes filles prévoyantes font provision d'huile, comme dans la Genèse isha cueille le fruit défendu. Pendant ce temps-là, les cinq autres, imprévoyantes, sont ailleurs, comme Adam.
L'époux survient au milieu de la nuit. Ne sachant ni le jour, ni l'heure, elles se préparent pour lui. Cinq partent d'un côté, cinq d'un autre. La division fait son oeuvre.
Elle est totale quand les unes se retrouvent dans les noces et les autres dehors.
L'époux est intransigeant, la porte reste fermée. 'Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas. Étrange réponse de la part de celui qui les aurait créées.
Quel est-il donc, cet époux qui survient non pas le jour de Pâques, au lever du soleil, mais en pleine nuit ? Est-il l'époux légitime ?
Pour reprendre l'image de la parabole du "jugement dernier", est-il bouc ou bélier ?