21 Tout me disant : ‘Seigneur, Seigneur !’, n'entrera pas dans le Royaume des cieux, mais le réalisant la volonté de mon Père qui est aux cieux.
22 Beaucoup me diront en ce jour-là : 'Seigneur, Seigneur, n'est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé, en ton nom que nous avons chassé des démons, en ton nom que nous avons réalisé beaucoup de miracles ?'
23 Alors je leur déclarerai : 'Je ne vous ai jamais connus. Écartez-vous de moi, vous qui cultivez l'illégalité !'
24 Tout donc qui écoute mes paroles celles-ci et les réalise sera comparable à un mari prévoyant qui a bâti sa maison à lui sur le roc.
25 La pluie est descendue, les fleuves sont venus, les vents ont soufflé, et ils tombèrent aux pieds de cette maison ; elle n'est pas tombée, car elle avait été fondée sur le roc.
26 Et tout qui écoute mes paroles et ne les réalise pas sera comparable à un mari insensé qui a bâti sa maison à lui sur le sable.
27 La pluie est descendue, les fleuves sont venus, les vents ont soufflé, ils heurtèrent cette maison, et elle tomba, et sa chute était grande.
La mémorisation de la version de Matthieu peut se faire d'abord avec la TOB.
Elle se poursuivra avec la traduction littérale (repérage des écarts signifiants) et la comparaison avec la version de Luc.
Ce travail est dans cette première phase factuel. On peut noter les réactions qui surviennent, mais la recherche de sens se fera après.
Un second étonnement vient du mot "homme". Luc emploie logiquement le mot anthropos (humain, homme ou femme). Mais Matthieu emploie le mot andros (mâle, mari). Les femmes ne seraient pas visées ?
On peut ignorer la difficulté, penser que Matthieu a fait une erreur. Comme le mot homme en français est le même pour signifier l'être humain et l'homme masculin, la bizarrerie passe inaperçu dans les traductions.
Le mot mari (ou homme mâle) invite à chercher la femme, l'épouse.
Le vrai mari, l'époux de l'Eglise, c'est le Christ. On a affaire ici à un époux "phronimos". Un intrus peut-être ? Un bouc qui voudrait prendre la place du bélier (voir le jugement dernier) ? Le possessif insistant du texte (sa maison à lui) nous met discrètement en garde.
Cet intrus est très fort. Il bétonne sur le roc, au point que sa maison résiste à la pluie (du ciel ?), aux fleuves (d'eau vive ?), aux vents (l'Esprit ?).
Il faudra des moyens plus puissants pour le déloger. La passion et la résurrection ?
Le mari insensé qui a bâti sa maison à lui sur le sable, ce pourrait être nous, qui tentons de devenir Dieu sans Lui, de nous accaparer la connaissance du bien et du mal.
Nos "tours de Babel" ne résistent pas bien longtemps à l'action de Dieu, il nous en délivre au quotidien, avec une infinie patience.
Parfois, c'est un temple qui s'effondre. Celui de Jérusalem en 70, celui de la finance aujourd'hui...
Voir Satan dans le verset 24, c'est contraire à tous les commentaires habituels, n'est-ce pas aller trop loin ?
Oui. C'est pourquoi j'ai regardé les autres textes d'évangile où le mot "phronimos" apparaît : le serviteur avisé et les dix vierges. Je suis allé de surprises en surprises...
Mêler mes mots à ceux du cantique d'Ezéchiel (Ez 36, 24-28)
J'irai vous prendre dans toutes les nations ;
je vous rassemblerai de tous les pays,
et je vous ramènerai sur votre terre.
Je verserai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés.
De toutes vos souillures, de toutes vos idoles je vous purifierai.
Je vous donnerai un coeur nouveau,
je mettrai en vous un esprit nouveau.
J'enlèverai votre coeur de pierre,
et je vous donnerai un coeur de chair.
Je mettrai en vous mon esprit :
alors vous suivrez mes lois,
vous observerez mes commandements et vous y serez fidèles.
Vous habiterez le pays que j'ai donné à vos pères.
Vous serez mon peuple,
et moi, je serai votre Dieu.